Transformer les déchets en action climatique inclusive le long de la rivière à Johannesburg
Est-ce que je me répète comme un perroquet dans (presque) chacun de ces articles en affirmant que nous avons urgemment besoin de solutions climatiques équitables et ancrées dans les réalités locales ? Soyez indulgents — malheureusement, ce sont encore les régions les moins responsables du changement climatique qui en subissent les conséquences les plus dures. Sécheresses, inondations, perte de biodiversité et faim font depuis longtemps partie du quotidien dans ces territoires. Et comme si cela ne suffisait pas, ce sont aussi les personnes les plus vulnérables au sein de ces régions qui sont les plus durement — eh oui, encore — touchées. Dans les communautés rurales d’Afrique subsaharienne, par exemple, les femmes et les filles portent le plus lourd fardeau face à la rareté de l’eau : elles parcourent souvent de longues distances pour en collecter, ce qui compromet leur éducation, leur santé et leurs perspectives économiques. Des solutions existent, certes, mais beaucoup nécessitent de lourds investissements ou sont difficiles à déployer à grande échelle. Et plus subtilement — mais tout aussi crucial — l’action climatique exclut trop souvent ces mêmes personnes dont on vient de parler : les femmes, les communautés autochtones et d’autres groupes marginalisés. Si les plus touché·es ne font pas partie de la solution, à quel point est-elle vraiment ‘durable’ — ou juste?
À Johannesburg, pourtant, le projet SUNCASA Litter Traps and Art, mené dans le township d’Alexandra, offre un exemple prometteur d’action climatique centrée sur l’inclusion sociale et de genre, tout en répondant à des défis environnementaux urgents. L’initiative, portée par un réseau local de partenaires — notamment les Alexandra Water Warriors et la Kula Marolen Foundation — en collaboration avec des artistes locaux, des acteurs municipaux et des partenaires internationaux, vise à restaurer la rivière Jukskei, gravement polluée. Le projet combine des actions environnementales concrètes — comme l’installation de pièges à déchets tissés à la main pour filtrer les déchets dans la rivière — avec la création d’œuvres d’art publiques fabriquées à partir des détritus récoltés. Des objets abandonnés comme des pneu ou des câbles sont transformés en sculptures monumentales le long des berges, métamorphosant un espace délaissé en lieu de rencontre, d’éducation environnementale et de création d’emplois pour la communauté. Des ateliers dirigés par des femmes ont joué un rôle clé dans la conception et la fabrication des pièges à déchets, générant des opportunités économiques vertes et valorisant les savoirs locaux. Le projet comporte aussi un volet éducatif, avec des supports pédagogiques sur la biodiversité, l’agriculture durable et le rôle des espèces locales dans la santé des écosystèmes.
Plus de 1 000 habitant·es ont déjà été employé·es, et le projet prévoit de restaurer 450 hectares et de planter 46 000 arbres, afin de réduire les inondations, améliorer la biodiversité et renforcer la résilience climatique de plus d’un million de personnes. En tissant ensemble action concrète, créativité locale et participation inclusive, cette initiative cherche à « combler l’écart entre ceux qui veulent, ceux qui ont besoin, et ceux qui ont ». Peut-être que j’arrêterai de radoter comme un perroquet le jour où ce sera enfin le cas ?
Crédit image : Citylife Arts