Ecobricks, construire la transition plastique une bouteille à la fois

Comme le dit le proverbe, «la faim aiguise l’esprit «. Ce n’est pas un hasard si des mots d’ordre similaires existent dans presque toutes les langues, puisque de nombreuses solutions innovantes voient le jour en temps de crises généralisées : par exemple, les marchés de trueque (troc) lors du corralito argentin. Transformer des déchets plastiques en briques de construction est une autre bonne illustration de ces innovations forcées par le besoin.

La pollution plastique a une longue liste d’impacts négatifs, notamment en limitant la production alimentaire et en affectant les écosystèmes et le bien-être social. Également, la vie quotidienne semble être de plus en plus chère : du sac de tomates fraîches à la facture de l’électricité et à l’endroit même que nous appelons chez nous (voir notre récent billet sur la crise du logement). Avec ce panorama, trouver un moyen d’utiliser des déchets de bouteilles en plastique pour fabriquer des briques de construction semblerait donc génial. Ces sortes de bouteilles-briques sont généralement appelées «ecobricks» ou ecoladrillos (en espagnol) et sont essentiellement des bouteilles en plastique densement remplies de déchets, idéalement non biodégradables. En effet, en plus d’être utilisées comme matériau de construction abordable, accessible et réutilisable, les ecobricks agissent comme un moyen net zéro de séquestration du plastique. Comme l’explique la Global Ecobrick Alliance (GEA), ces briques empêchent le plastique de se dégrader en toxines et en microplastiques dans la biosphère – ce qui fait référence à tous les organismes vivants et à leurs environnements, qu’ils soient dans les océans, l’air ou le sol. Mais pas seulement hors des écosystèmes : les ecobricks sont également destinés à empêcher le plastique d’entrer dans des processus industriels à haute énergie et à fortes émissions. C’est pourquoi, pour s’assurer qu’ils maintiennent le plastique séquestré au fil du temps, la GEA a élaboré des directives et des principes de construction pour la fabrication d’ecobricks. Par exemple, entre autres critères, ils doivent être créés par un processus à but non lucratif, et ils doivent entraîner la soustraction de plus de plastique et de CO2 de la biosphère que ce qui a été ajouté par le processus de fabrication des briques. Un autre aspect important est le processus manuel d’«écobriquetage», qui permet de sensibiliser les participants aux conséquences de la consommation et aux dangers du plastique.

Les applications des ecobricks vont des meubles domestiques aux équipements de jardins et de terrains de jeux en passant par de plus grandes structures, comme cette maison en Bolivie. Ou des «earthbenches » (‘bancs de terre’ en anglais), tels que ceux que l’organisation Peace On Earthbench Movement (POEM) promeut, tout en permettant aux jeunes de transformer leurs déchets en matériau de construction pour créer une zone de rassemblement communautaire. Même une crypto-monnaie est sortie du mouvement des ecobricks. Contrairement à d’autres monnaies virtuelles, les Brikcoins (BRK / ß) sont générés par le travail humain et sont basés sur la valeur écologique, car ils sont directement corrélés au plastique qui a été empêché de polluer l’environnement et qui a été définitivement retiré des industries à fortes émissions.

Image : http://www.earthbench.org/uploads/7/5/2/6/7526161/6656345_orig.jpg

Credit : Illustration by Brennan Blazer Bird, published by Earthbench.org