Tourisme durable : oxymore incontournable ?

Peu importe le nombre d’annonces de «retour à l’école!» (que l’on essaie d’ignorer), la mi-août est toujours l’été. Ce qui signifie des voyages de vacances pour beaucoup, moi y compris. Parfois, je ressens une sorte de désespoir en me promenant dans certaines vieilles villes ou en visitant des zones côtières. Tout semble tellement préparé pour être authentique ‘local’ (paella, sangria, amigo) que ça fait faux, et le nombre de touristes est inversement proportionnel à celui des locaux, qui brillent par leur absence. Bien sûr, je suis conscient de ma propre incohérence, car en étant là, je contribue à la situation même qui m’attriste. En effet, plusieurs destinations touristiques « meurent de succès » – par exemple, Venise compte 21 touristes par habitant (!) ce qui exerce une forte pression sur son environnement. Il y a aussi le paradoxe des lieux qui, en maintenant un mode de vie alternatif au tourisme de masse et au capitalisme en général, finissent par recevoir tout de même des hordes de touristes bien intentionnés, avec le développement conséquent que cela implique et qui dégrade le lieu « pur » que les voyageurs visaient à soutenir avec leur visite (je plaide également coupable de cela). D’autre part, des régions en déclin pourraient profiter de l’injection de ressources et de la revitalisation qu’implique le tourisme – s’il est correctement orienté, sinon, la pauvreté et les inégalités sociales pourraient augmenter parallèlement à la croissance économique qui va avec l’augmentation de la population et de l’emploi, comme cela a été le cas des îles Baléares.

Selon l’Organisation mondiale du tourisme de l’ONU, pour être durable, le tourisme doit pleinement prendre en compte «ses impacts économiques, sociaux et environnementaux actuels et futurs, en répondant aux besoins des visiteurs, de l’industrie, de l’environnement et des communautés d’accueil». Quelle est la solution pour y arriver? Ou plutôt, les indices de solutions, car dans cette vie il n’y a pas de formules magiques (malheureusement).

D’une part, on pourrait commencer par orienter le tourisme loin du modèle extractiviste axé sur le profit. Des initiatives comme FairBnB sont une alternative à une plateforme bien connue que je ne nommerai pas (ahem). Avec pour mission de soutenir le «tourisme axé sur la communauté», ils suivent une politique «un hôte, une maison» et la moitié des frais du site servent à financer des projets sociaux locaux choisis collectivement dans la destination de voyage. Une autre option est l’échange de maison – bien que certains de ses modèles puissent être proches d’une variante de la plate-forme bien connue que nous ne nommons pas. Ensuite, il y a l’enjeux de prendre l’avion comme on prend une douche. Ce n’est peut-être pas accessible à tout le monde, mais pour ceux qui le peuvent, pourquoi ne pas décider de vos prochaines vacances en fonction de l’endroit où vous pouvez arriver à vélo ? Ou, ok, faire une partie en train compte aussi comme du cyclotourisme. Bien sûr, un autre problème est celui des volumes. On peut y aller en rollers et rester dans notre petite tente, mais si c’est nous et un million d’autres par an dans un village de 800 habitants (cas réel), c’est trop. Comme nous, les destinations ont besoin d’une pause. Et bien que dans nos propres pauses, beaucoup d’entre nous aiment voyager et explorer, réfléchissons aux options qui s’offrent à nous pour que notre passage dans un lieu soit régénérateur plutôt que destructeur. Qui sait, peut-être qu’une visite à Puanteville-sur-mer dans la région voisine nous apportera des aventures inimaginables!