Sarvodaya, des communautés autosuffisantes aux racines bouddhistes

Bien que ‘Fab City’ ou Fab Lab soient des termes occidentaux dans leur origine, d’autres cultures sont porteuses d’éléments communs d’une vision du développement résiliant et durable des territoires. Et ce, pas mal avant qu’on puisse utiliser une imprimante 3D au Fab Lab du quartier.

Un exemple de ce type de connaissances ancestrales à tenir en considération pour le développement des villes et des territoires d’aujourd’hui se trouve dans la philosophie du Mouvement Sarvodaya Shramadana. La plus grande ONG au Sri Lanka, avec le siège près de Colombo ainsi que 25 centres de district et une présence active dans plus de 3 000 villages au pays, Sarvodaya est possiblement aussi la plus ancienne et plus grande organisation au monde ancrée sur des traditions gandhiennes et bouddhistes. Reposant sur les concepts sanskrits de «l’éveil de tous» et du «don du travail», Sarvodaya a pour mission créer une société « sans pauvreté, sans richesse et sans conflit » à travers « le partage de son temps, de sa pensée et de son énergie pour le bien-être de tous ».

Il y a plus de soixante ans le Dr Ariyaratne, un ancien professeur de lycée à Colombo, a conçu un projet éducatif pour ses élèves, basé sur leur travail volontaire avec les membres d’une communauté appauvrie pour la construction d’infrastructures favorisant leur développement économique et social (par exemple, planter des jardins et construire une route pour l’accès des agriculteurs au marché). Aujourd’hui, sous son approche intégrée du développement basée sur la participation, l’autonomie et l’autosuffisance des personnes, le mouvement a atteint plus de 15000 communautés défavorisées au Sri Lanka. Il combine la promotion du développement spirituel et culturel avec un programme d’autonomisation économique basé sur la microfinance et le développement de l’entrepreneuriat. Sous une vision holistique et durable du développement, Sarvodaya identifie 10 besoins fondamentaux des êtres humains : un environnement propre et beau; de l’eau potable propre; approvisionnement suffisant en vêtements; alimentation adéquate et équilibrée; logement simple; soins de santé de base; moyens de communication de base; un approvisionnement minimal en énergie; éducation holistique; et satisfaction des besoins spirituels, culturels et consolidation de la paix.

Le Mouvement Sarvodaya Shramadana est structuré à travers des organisations juridiques indépendantes répondant à des domaines spécifiques d’activités de développement (santé communautaire, éducation supérieure, gestion de catastrophes, entre autres) et des sociétés au niveau des villages. Chaque une de ces dernières est gérée par un conseil exécutif comprenant une diversité de membres de la communauté, dont il doit y avoir nécessairement une représentation de membres enfants, jeunes, et mères, en plus des appelés ‘membres ordinaires’. Si la philosophie de Sarvodaya s’enracine dans les traditions bouddhistes, le mouvement engage activement des personnes de toutes religions et origines ethniques, son but n’étant pas de faire du prosélytisme mais d’aider les participants à voir leur humanité commune.