Pour des villes durables… pensons oiseaux
Les villes sont souvent représentées en vue aérienne — à vol d’oiseau — sur les cartes, mais à quoi ressemblerait en fait l’urbanisme vu par les oiseaux ? La façon dont nous concevons les villes en dit long sur ce (et ceux) que nous valorisons, et les oiseaux sont largement négligés dans l’urbanisme traditionnel: imaginez-vous être un pigeon au milieu de déserts de béton, remplis de verre (trompeur) et de bruit. Pourtant, les oiseaux jouent un rôle essentiel dans la durabilité urbaine. Comme le dit l’organisation de conservation BirdLife, «nous avons bien plus besoin des oiseaux qu’ils n’ont besoin de nous». Car ils offrent des services naturels et peu coûteux qui nous aident à mieux fonctionner. Certains oiseaux, comme les hirondelles, contrôlent les populations d’insectes. D’autres, comme les merles, dispersent les graines, favorisant ainsi la croissance des espaces verts. Les oiseaux sont également des bioindicateurs: lorsque leur santé décline, cela signale souvent une pollution ou un stress environnemental qui peut également affecter les humains. De plus, leur présence dans les parcs et les espaces publics apporte un bien-être émotionnel aux citadins.
Cependant, les oiseaux – et la verdure de manière plus générale – ne sont pas répartis équitablement dans les villes. Des études montrent que les quartiers à plus faibles revenus ont tendance à avoir moins d’arbres et sont plus exposés à la chaleur urbaine. Dans ce contexte, les oiseaux deviennent des indicateurs non seulement de santé écologique, mais aussi de justice environnementale. Mais ils peuvent aussi contribuer à la solution. Les oiseaux sont accessibles: beaucoup de gens n’ont pas les moyens de se rendre en pleine nature pour leurs loisirs, mais tout le monde peut observer un moineau dans un parc de quartier. Ainsi, les oiseaux transforment les citadins en écologistes du quotidien. Des initiatives comme les feminist bird clubs, par exemple, utilisent l’observation des oiseaux pour créer des espaces sûrs et inclusifs de connexion à la nature.
Une autre initiative qui s’appuie sur les oiseaux comme porte d’entrée vers un engagement urbain inclusif est le programme Early Bird, actif dans plusieurs régions diverses d’Inde. Mené par la Nature Conservation Foundation, il est déployé dans plusieurs villes du sous-continent pour aider les enfants et les débutants à explorer la riche avifaune indienne. Grâce à des cartes illustrées, des guides de poche, des vidéos et des ateliers, le programme initie les citadins — en particulier les enfants — à la joie de l’ornithologie. Le matériel est disponible en plusieurs langues indiennes et conçu pour être utilisé à la maison, en classe ou en plein air. Le projet forme également les enseignants et les ornithologues amateurs à devenir des birding buddies qui intègrent les oiseaux dans les écoles et les communautés, rendant ainsi l’éducation à la nature plus inclusive et ancrée localement — même dans des environnements denses ou dégradés.
En somme, un point essentiel à retenir est que les villes conçues pour les oiseaux deviennent des lieux plus sains et plus porteurs de sens pour tous leurs habitants, humains comme non-humains. Pour en savoir plus sur les ‘villes respectueuses des oiseaux’, vous pouvez consulter le Biophilic Cities Network, qui reconnaît la responsabilité des villes de «préserver la nature mondiale en tant qu’habitat partagé entre la vie humaine et non humaine».
Crédit photo : Early Bird (Facebook)