Monter un tiers-lieu créatif et productif

Excellent article par l’équipe de Volumes, proposant un survol d’un grand projet de recherche étalé sur an, au cours duquel l’équipe s’est dédiée « à rechercher, explorer, cartographier et analyser l’histoire et la géographie des lieux d’innovation en Europe. » Ils en ont tiré 10 principes directeurs desquels s’inspirer, puisque que ceux-ci « ne sont pas proposés comme des règles à suivre ou des cases à cocher, mais plutôt comme un cadre de réflexions et des trajectoires à explorer. »

Dans cette recherche ils se sont attardés à des espaces répondants au qualificatif de « tiers-lieu créatif et productif », regroupant ainsi une variété de formats, que ce soit les coworkings, hub créatifs, living labs, Fab Labs, food labs, hackerspaces, et d’autres encore.

Les Tiers-Lieux Créatifs et Productifs se positionnent et se structurent comme des dispositifs spatiaux qui catalysent les interactions en facilitant la rencontre, les connexions, les projets collaboratifs entre les divers agents de la ville résiliente (créateurs, activistes, entrepreneurs, entreprises privées, institutions et collectivités).

Puisque l’article est déjà un résumé d’un plus long rapport scientifique, lui-même un résumé de plusieurs années de pratique, je ne tenterai pas de comprimer encore plus leur idées avec ce billet, relevons simplement quelques citations qui en sont tirées.

Grâce à cette adaptabilité, les TLCP peuvent créer ces espaces de l’entre-deux, terrains de jeu pour l’expérimentation, le prototypage, les rencontres inhabituelles et inattendues d’acteurs et de fonctions. C’est ce qui permet à ces lieux de fonctionner comme des prolongement des institutions et des organisations traditionnelles — principe 4, en leur mettant à disposition des espaces tampons, décalés et hors des sentiers battus de la ville hautement réglementée, qui permettent ainsi de favoriser l’innovation. […]

Pour animer efficacement ces communautés grandissantes et hétéroclites, une approche basée sur la facilitation et l’autonomisation est fondamentale. On peut alors opter pour une stratégie radicale de documentation — principe 7, afin de distribuer l’information concernant le fonctionnement du lieu, sa gouvernance, sa culture. […]

Une approche incrémentale, par étapes successives — principe 8 -, est alors à privilégier, ce qui permet d’habiter le lieu parfois avant la fin même du chantier. Cette transition plus fluide et moins rigide entre les travaux et l’usage du lieu permet d’ailleurs de laisser la place à des besoins réels et situés qui émergeront de la communauté déjà sur place.

Comme plusieurs rêves exprimés autour des Fab Labs parlent d’une nouvelle nouvelle révolution industrielle et de nouveaux espaces de production, il est important de noter ce passage:

Un TLCP est davantage un espace dédié à la sensibilisation et à la culture de la création et de la production. Les outils de production comme les imprimantes 3d, les découpes numériques ou les cuisines partagées n’ont pas la seule fonction de fabriquer des produits destinés à la consommation ; ces installations sont plutôt des moyens d’innovation, d’incubation, d’éducation populaire, d’acculturation, d’autonomisation des citoyens; et encore des moyens pour créer du lien social et de la convivialité, une stratégie pour replacer la production au centre de notre quotidien et de revendiquer sa valeur en tant que acte social.

Notons aussi au passage que plusieurs principes pourraient se regrouper sous un terme utilisé de plus en plus souvent autour de la maintenance, des communautés, et de la résilience: le jardin / le jardinage. L’idée générale étant de laisser aller, de guider, d’écouter « la matière », que ce soit les plantes ou les communautés. Se voulant des intersections, des points de rencontre, et avec la mission de répondre aux besoins de plusieurs communautés, les tiers-lieux de création et de production semblent bien aligner avec une telle approche.

Plus: Centrinno partage une présentation en anglais basée sur la même recherche.