Les quartiers de poche arrivent
Qu’est-ce qui fait plus réinvention des villes qu’une ville … sans voitures? Nous n’en sommes pas là, du moins pas en Amérique du Nord, mais de nouveaux quartiers de poche commencent à émerger, dont un à Sherbrooke, en Estrie.
Son idée cardinale ? Un ensemble résidentiel ne doit plus se contenter de loger des individus, mais servir de nid où viennent se former des communautés. Oust, donc, les cours clôturées et les stationnements individuels qui atomisent tout un chacun. Les quartiers de poche, au contraire, se déploient pour que les rencontres entre voisins soient quotidiennes, presque inévitables.
C’est un modèle né sur la côte ouest américaine, prenant habituellement la forme d’un groupe de 8 à 12 maisons faisant face à un espace partagé.
Chaque maison comporte aussi un porche, sorte de lieu transitoire entre l’espace privé et commun, devant lequel s’étale une petite cour personnelle ouverte vers le parc partagé. C’est là que les enfants jouent, que les pique-niques s’organisent et que les voisins placotent, loin du bitume et du va-et-vient des voitures.
Ross Chapin, l’architecte à l’origine du concept, c’est basé sur l’idée du repas partagé à table et l’a transposé à ce groupe de maisons regroupées autour du lieu public.
« Ma philosophie, dit M. Chapin, se résume à ceci : une vie vécue dans plus petit est une vie mieux remplie. » L’esprit communautaire qui prévaut dans les quartiers de poche décourage le chacun pour soi et encourage la collectivisation des services. Fini, le voisinage où tout le monde possède sa piscine, sa tondeuse, sa souffleuse, son cabanon à l’arrière, sa chambre d’amis, etc.
Tel que mentionné plus haut, ce modèle s’emmène maintenant au Québec, « Le Petit Quartier, une coopérative située à proximité du centre-ville de Sherbrooke, se composera de 73 maisons de petite taille, toutes disposées autour d’espaces communs ». Ce nouveau style de vie s’articulera autour de plus petites maisons, moins chères, entourées d’un boisé protégé de 5,6 hectares et de terrains propriétés d’une fondation gérant le projet. Le partage et la communauté y tiendront aussi une place de choix.
« Ici, ce n’est pas la capacité de payer qui déterminera l’accès à la propriété ; c’est la capacité de vivre en communauté, souligne Maryse Goddard. Nos membres vont diminuer ce qu’ils possèdent individuellement, mais ils posséderont plus collectivement. Ils choisiront de consacrer moins de temps à entretenir leurs biens pour en passer plus à entretenir leurs liens. »
Images: Ross Chapin Architects / The Cottage Company.