Des fermes à hauteur de gratte-ciel ?

La plupart des personnes qui s’intéressent aux villes seraient, je pense, d’accord pour dire que les fermes hydroponiques feront très probablement partie de l’ensemble des solutions pour les aliments cultivés dans et autour des villes. Probablement des fermes hydroponiques verticales. Des fermes à la hauteur d’un gratte-ciel, surtout celles qui intègrent d’autres commodités comme des bureaux, un supermarché et une aire de restauration? Cela reste à voir!

Carlo Ratti, un architecte qui dirige le Senseable City Lab du MIT, propose un gratte-ciel de 51 étages pour le centre technologique chinois de Shenzhen, avec à l’intérieur une ferme hydroponique verticale à grande échelle pouvant produire des cultures telles que des salades, des baies et des tomates pour nourrir jusqu’à 40 000 personnes par an. […]

Il s’agit de l’une des nombreuses idées visant à développer les fermes verticales, car les progrès de la technologie hydroponique et aéroponique permettent à ces installations intérieures de produire des cultures à haut rendement en utilisant moins de terre et d’eau.

De nombreuses autres régions envisagent, construisent, voire utilisent déjà des fermes hydroponiques verticales. Par exemple, des villes comme Singapour et Abou Dhabi investissent, et il y en a déjà une en construction à Jersey City, dans le New Jersey, tout cela «dans le but de lutter contre l’insécurité alimentaire en fusionnant la technologie, l’éducation et l’accès à la nourriture».

D’autres types de serres, qui ne sont pas techniquement des fermes verticales, s’appuient également sur des technologies telles que l’éclairage LED et les robots pour optimiser la culture. AppHarvest, dans le Kentucky, produit 45 millions de livres de tomates par an dans une installation qui, selon elle, permet de produire 30 fois plus par acre que les champs ouverts, avec 90 % d’eau en moins.

Le bâtiment proposé par Ratti à Shenzhen permettrait également de résoudre un certain nombre d’autres problèmes, en réduisant l’impact sur l’environnement urbain.

La verdure sera placée dans ce que l’on appelle une façade à double peau, avec des fenêtres des deux côtés pour permettre à la lumière naturelle du soleil d’atteindre à la fois les plantes et l’intérieur du bâtiment. Selon M. Ratti, cette conception – et l’abondance de lumière solaire à Shenzhen – permettra à la ferme d’être moins dépendante de la lumière et du chauffage artificiels, qui entraînent une forte consommation d’énergie.

Ces fermes posent encore de nombreux problèmes: consommation d’énergie, variation de l’ensoleillement lorsqu’on n’utilise pas de LED, très peu de protéines cultivées dans ces fermes, etc. Il s’agit donc d’expériences précoces dans l’avenir qu’ils préconisent, mais toutefois prometteuses.

Photo: des plantes placées entre deux fenêtres sur la «façade à double peau» du bâtiment. L’intérieur du bâtiment comportera également des arbres et fleurs afin d’intégrer la nature dans son esthétique. Crédit: Carlo Ratti Associati