Concevoir des quartiers pour la cohésion

On parle souvent, y compris ici, de l’importance de l’implication des citoyens, de la mobilisation, de l’organisation, du soutien, essentiellement du rapprochement des gens. Mais nous savons aussi que l’inégalité et la division sont présentes et croissantes dans de nombreux endroits. Alors comment les quartiers peuvent-ils combler le fossé entre l’état actuel des choses et les objectifs communs que nous savons nécessaires ? Tessy Britton, de Participatory City, en a une ou deux idées (ou des centaines) et présente une excellente introduction à la manière dont les organisations peuvent concevoir des quartiers favorisant la cohésion.

Pour construire la cohésion sociale, il faut que les gens quittent le confort de leur maison, ou les espaces segmentés des clubs, du travail, des services, etc. pour s’aventurer dans de nouveaux types d’espaces sociaux partagés. Elle a besoin de conversations et de régularité pour créer le contexte et la possibilité de faire naître l’amitié et la confiance entre les gens. […]+

Richard Sennett, dans son livre «Together : The Rituals, Pleasures and Politics of Cooperation», plaide en faveur de l’apprentissage de la coopération au-delà de nos différences. Il souligne que la société moderne a affaibli la coopération par l’inégalité, la séparation des modes de travail. (C’est moi qui souligne).

Elle nous présente les principes d’inclusivité et certaines des recherches et analyses qu’ils ont effectuées pour valider et perfectionner leur méthode. 

Le premier objectif est de surmonter les expériences négatives antérieures en matière de préjugés. Toutes les exclusions ne sont pas aussi durables ou systémiques que d’autres, mais tout le monde a fait l’expérience d’une forme ou d’une autre de préjugés et cela réduit la tolérance au risque social. Des activités variées comportent moins de risques pour des personnes différentes.

Deuxièmement, il y a le manque d’opportunités. Même les grandes organisations ont souvent un nombre limité d’activités auxquelles on peut participer et, même si c’est par inadvertance, toutes sont segmentées d’une manière ou d’une autre qui exclut certaines personnes.

Troisièmement, chaque aspect de ces événements / réunions / activités doit être conçu dans l’intention d’accueillir une diversité de personnes dans une même pièce.

Le résultat de ces principes, qui me semble relativement inhabituel, ou du moins peu fréquent, est l’idée de multiplier les occasions pour les gens de s’engager, notamment en variant leur «forme» afin que davantage de personnes se sentent accueillies. Les organisateurs choisissent souvent de déverser toute leur énergie dans un seul moment, la Ville Participative opère à travers le temps, pour multiplier les opportunités variées.

C’est la seule approche que je connaisse qui co-crée systématiquement un grand nombre d’opportunités pratiques diverses, de toutes tailles et formes imaginables, aussi près que possible des lieux de vie des gens, intégrées dans le grain de la vie quotidienne.

Et c’est la seule approche que je connaisse qui réussisse à ce point à inviter et à soutenir les individus pour qu’ils surmontent leur instinct humain le plus naturel – celui de rester à l’écart du risque social.

À première vue, cela peut sembler être beaucoup plus de travail, et c’est certainement le cas, mais leur méthode a également fait ses preuves et, selon Britton, elle permet une participation plus créative de la part d’un groupe de personnes plus diverses et plus impliquées. En deuxième lecture, il s’agit peut-être d’une méthode d’organisation plus structurée et plus ciblée, qui met en avant les besoins des personnes invitées et, en second lieu, l’agenda de l’organisation. Au final, les deux parties en tirent profit.

Construire une cohésion sociale au-delà des différences exige beaucoup de choses. Elle exige la co-création d’un grand nombre d’opportunités diverses, elle exige que celles-ci soient largement et bien communiquées, et elle exige de l’individu qu’il surmonte son instinct humain le plus naturel pour se tenir à l’écart du risque social. Et lorsque tout cela est réalisé, le temps que les gens passent ensemble, sur un pied d’égalité, à faire des activités pratiques ensemble, doit être agréable et productif. Il doit être créatif et amusant. Il doit être amical, accueillant et inclusif.