Cargonomia à Budapest, une vision holistique de la mobilité urbaine durable

En logistique urbaine, le « dernier kilomètre » fait référence au dernier tronçon du transport de marchandises – par exemple, la distance parcourue par un camion ou une camionnette pour transporter votre dernière découverte en ligne depuis un entrepôt, un quai ou une autre infrastructure de logistique commerciale dans ou près de votre ville, jusqu’à votre porte. Autant tout le monde aime les bonnes affaires (y compris celles en ligne), autant les livraisons du dernier kilomètre ont un impact environnemental important : les ventes du e-commerce ont triplé depuis 2014 – cette demande croissante étant encore accélérée par la pandémie de COVID-19 – et, sans intervention, les émissions mondiales de carbone du trafic de livraison augmenteront de 32 %, entraînant 6 millions de tonnes de CO2 supplémentaires d’ici 2030. Sans parler de la dégradation des conditions de travail inhérente à cette montée sans précédent et largement non réglementée de la culture de la livraison.

Certaines villes expérimentent déjà – ou ont un système consolidé, comme la petite ville néerlandaise de Nimègue depuis 2008 – avec des véhicules électriques plus légers pour remplacer les camions, ce qui est formidable. Le collectif ouvert Cargonomia à Budapest va encore plus loin et relie les options de mobilité et de fret durables au soutien à l’économie locale et aux activités éducatives. En effet, ils fonctionnent comme un point de distribution d’aliments bio, un centre de livraison de vélos cargo – comprenant une plateforme de vélos cargo en libre-service – et un espace ouvert pour les activités liées à la décroissance et à la transition durable. Cette approche holistique permet, par exemple, de minimiser l’empreinte écologique du transport de nourriture de longue distance, ou d’établir un atelier de réparation de vélos communautaire prônant un abandon des modes de vie centrés sur la voiture. Le portefeuille diversifié d’activités sous l’égide de Cargonomia est le résultat de la coopération entre une société de messagers à vélo cargo, Kantaa; une ferme biodynamique, Zsámboki Organic Garden et un atelier low-tech de conception et de fabrication de vélos cargo, Cyclonomia. En réunissant des entreprises locales, des résidents et des prestataires de livraison, Cargonomia crée un réseau soutenant la résilience et l’autonomie locales. Ils visent ainsi à accroître l’accès des citoyens à une alimentation locale et biologique et à une mobilité durable, tout en soutenant la création d’emplois locaux et décents reliant les zones rurales et urbaines en partenariat avec des petites entreprises.

L’initiative va alors au-delà de l’utilisation de véhicules neutres en carbone pour livrer des marchandises d’un point A à un point B – ce qui est important, mais pas suffisant, compte tenu de la non-durabilité inhérente du système de transport mondial. Bref, les kilomètres parcourus par les personnes et le fret doivent être réduits. Une partie de cela peut être liée à l’utilisation de la technologie, comme le développement d’options logistiques décarbonées, mais cela devrait impliquer également une transformation des dynamiques de production et de consommation vers la localisation, ainsi que des changements comportementaux, auxquels Cargonomia s’attaque. Si nous restons uniquement avec une approche d’introduction de véhicules électriques, nous ne faisons qu’atténuer – et non résoudre – le problème, dans le meilleur des cas (dans le pire, nous permettons la poursuite d’une augmentation insoutenable des volumes des flux de fret mondiaux !).