La matière noire des makerspaces

Voici une excellente version écrite d’une présentation donnée par Adrian McEwen (en 2015), l’un des co-fondateurs de DoES Liverpool, « un makerspace (et plus encore) à Liverpool ». Son discours, The Dark Matter of Makerspaces (La matière noire des espaces de création), aborde plusieurs points et offre d’excellents conseils, non seulement pour les personnes qui gèrent des makerspaces, mais pour tout type d’espace communautaire, ou même pour les organisations axées sur la communauté.

Un aspect important de notre mission était de stimuler la technologique et la communauté de créateurs dans la ville. Notre approche combinait « le logiciel-mange-le-monde » avec « les travailleurs possèdent les moyens de production », premièrement en tant qu’ingénieurs en logiciel, mais de plus en plus grâce à des outils de fabrication numérique, tout en étant le changement que nous aimerions voir dans le monde.

Ce n’est pas souvent que nous avons le fusionnement d’un espace de coworking diversifié avec un makerspace. Souvent, l’aspect coworking s’adresse en grande partie aux makers. Mais DoES sait bien que « les entreprises prospères nécessitent toutes sortes de compétences. Plus notre communauté sera diversifiée, meilleurs seront les résultats. »

En règle générale, nous voyons des gens s’abstenir de démarrer ces espaces alors qu’ils veulent qu’ils existent parce qu’ils ne se considèrent pas comme les personnes adéquates pour leur gestion, ou bien ils en ouvrent et réalisent rapidement que ce travail n’est pas fait pour eux. Dans une tournure intéressante, l’équipe de DoES sait déjà qu’elle ne veut pas gérer l’espace. Elle a donc trouvé des solutions pour contourner l’aspect gestion. « En conséquence, notre objectif est de minimiser l’effort nécessaire pour faire rouler l’espace. L’une de ces solutions est de nous engager avec la « matière noire » qui entoure DoES Liverpool. » McEwen introduit ensuite un concept pertinent que tout projet opérant dans une ville devrait garder en tête.

C’est tout ce qui a un impact sur l’organisation mais que l’on ne peut ni voir ni toucher. Si la matière est le bâtiment et les outils, les objets produits et les entreprises fondées, alors la matière noire est la culture de la communauté, les règlements et la politique – non seulement dans l’espace, mais autour de l’espace (le conseil ou le gouvernement).

Pour tisser des liens avec leur environnement, ils ont adopté des idées telles que « le gâteau comme monnaie », s’assurant qu’ils ont du bon café et en utilisant leur expérience en codage pour optimiser la gestion de l’espace. L’équipe a également décidé de ne pas faire grand-chose, ce qui est un excellent moyen de favoriser la participation !

Les seuls projets qui se concrétisent sont ceux pour lesquels les membres sont suffisamment engagés. Nous essayons de ne pas nous étendre dans des activités où les membres de la communauté pourraient gagner leur vie. Nous existons pour soutenir la communauté, pas pour l’absorber.

Bien qu’il ne soit pas possible pour toute organisation ou tout projet, DoES Liverpool a décidé de ne pas être financé, car un financement les aurait obligés à restreindre leur champ d’action et peut-être à détourner les gens plutôt que d’être très ouverts. En revanche, ce modèle leur a permis de se concentrer sur ce qui est le plus intéressant – soit des personnes intéressantes, soit (et c’est une belle tournure) des personnes intéressées. Alors que le premier peut sembler exclusif ou biaisé, le deuxième ne l’est pas. Cette idée leur a permis d’orienter leur culture vers une vision Fab City.

Si nous nous engageons avec la matière noire dans un contexte plus large, nous avons l’opportunité de pousser notre culture loin du consumérisme, loin des banques, vers un avenir plus productif.