La gouvernance dans la ville du futur

Le Futures Centre a organisé un événement dans le cadre de sa série sur la ville en 2040 à l’Université de Cardiff. Cette vision sur la façon dont nous pourrions gouverner la ville du futur, considère certains défis des décennies à venir.

D’un côté, les villes sont de plus en plus reconnues comme des véhicules vitaux pour la mise en œuvre de solutions climatiques et méritent un plus grand contrôle sur les politiques. D’autre part, la privatisation et l’évolution rapide de la technologie retirent une partie du pouvoir de décision aux instances municipales.

La ville sera-t-elle gérée par les pouvoirs publics ou par les entreprises ? De plus en plus de fonctions auparavant assurées par le secteur public seront privatisées : services externalisés, services publics gérés par le secteur privé, privatisation du domaine public. La technologie numérique ne se contentera pas de déplacer ou de désintermédier les fonctions précédemment assumées par l’État, elle fournira également de plus en plus d’espace pour le discours public et en définira les paramètres. […]

«Il y a eu une prolifération de domaines numériques permettant aux gens de s’engager les uns envers les autres, mais malheureusement la pratique dominante a été d’utiliser les outils numériques pour séparer les gens en groupes d’intérêts plus petits et plus divisés.» Il serait intéressant de voir plus de «recherche et d’expérimentation sur les technologies qui permettent aux gens d’avoir des conversations dans des publics numériques qui conduisent à la construction de consensus.»

De nombreux pays et villes, en particulier dans le monde occidental mais aussi en Chine et au Japon, vieillissent. Comment une population plus âgée peut-elle modifier les choix de services sur lesquels les villes se focalisent ? Et comment les jeunes générations réagiront-elles aux impacts climatiques croissants dont elles ne sont pas responsables ?

«Malheureusement, nous ne sommes pas très bons pour réfléchir à la responsabilité envers les générations futures», a déclaré Jane Davidson, auteure de #futuregen et instigatrice de la loi pionnière sur le bien-être des générations futures. «Le Pays de Galles a été le pionnier de la loi sur le bien-être des générations futures pour remédier à cette situation, mais il est pour l’instant le seul pays au monde à disposer d’une telle loi».

Les technologies numériques peuvent être très démocratiques et, à mesure que nous les adoptons, elles peuvent contribuer à améliorer les services et les infrastructures des villes. D’un autre côté, les administrations municipales ont du mal à suivre et certaines plateformes comme Airbnb, Deliveroo ou Uber façonnent notre usage de l’espace urbain.

Ces plateformes opèrent principalement sur les marchés urbains et sont souvent en concurrence avec les services publics, les remplacent ou font des choses qui étaient auparavant réglementées». […]

Le risque est plus élevé pour les pays, mais les villes seront également touchées par la montée de l’autoritarisme, souvent exacerbée par la crise climatique.

Il existe un risque que l’augmentation des phénomènes météorologiques extrêmes, des mouvements de population et de la pénurie de produits de première nécessité, sous l’effet du changement climatique et d’autres pressions environnementales et sociales, provoque une réaction autocratique. Les menaces et les risques – réels ou perçus – peuvent susciter le populisme et l’autoritarisme.

Les citoyens doivent pouvoir participer à la conception de l’évolution de leurs villes dans le futur, plusieurs générations doivent faire le point et collaborer, comme dans le projet japonais Future Design, «un processus participatif pionnier basé sur le territoire pour s’engager dans l’avenir».

Plus important encore, les autorités municipales doivent penser à long terme et gouverner au-delà de leur mandat actuel, en se projetant non seulement sur quelques années mais aussi sur des décennies et générations à venir.

«Nous n’y arriverons pas sans commencer à prendre davantage de responsabilités en ce qui concerne ce qui est connu et inconnu de l’avenir… et si nous ne pensons pas à qui est impliqué dans la construction de la connaissance de l’avenir, ainsi qu’aux valeurs nécessaires pour initier et poursuivre l’action.»