Des données urbaines communes pour la crise climatique

Un excellent article de Renata Avila et Guy Weress, paru dans le magazine Branch, propose une vision audacieuse des données communes des villes contre l’enfermement des données citoyennes.

Enclosure ou Inclosure est un terme, utilisé en anglais dans le domaine de la propriété foncière, qui fait référence à l’appropriation de «déchets» ou «territoire commun» en les enfermant et en privant ainsi les citoyens de leurs anciens droits d’accès et privilèges. [Wikipedia]

Bien que la plupart des définitions se concentrent sur les terres agricoles, le terme est désormais plus largement utilisé pour la fermeture de tout bien commun ou public, dans ce cas les données générées par les citoyens dans les villes. La grande majorité des projets de villes dites intelligentes sont poussés par de grandes entreprises dont les objectifs sont l’automatisation et la collecte de données à des fins lucratives, s’emparant volontairement ou involontairement (pour être généreux) de données qui devraient, selon les auteurs et moi-même, être un bien public.

Les données des villes intelligentes, telles que nous les définissons, sont celles qui sont émises à la suite des interactions numériques entre une ville et ses citoyens.

L’intérêt de cette définition réside dans le fait que la plupart des données ne sont pas «vues» par les autorités civiles, qui ne les suivent pas, ne légifèrent pas à leur sujet et ne prêtent pas attention aux données de leurs citoyens, qu’elles concernent directement la ville ou non. Si les villes ne voient pas ces données, les entreprises, elles, les voient et se positionnent pour les capter.

Cependant, le point central de l’article n’est pas seulement cet enfermement, mais la valeur globale de toutes ces données au niveau de la ville comme une ressource qui pourrait être partagée entre les villes pour mieux comprendre, se préparer et agir face à la crise climatique.

Les villes sont les plateformes qui permettront de sauver la planète, et un espace commun de données est le meilleur outil dont elles disposent.

En tant que lieux où se concentrent un taux élevé de personnes, de connaissances et d’expertise, les villes sont particulièrement bien outillées pour relever les défis climatiques, notamment parce qu’elles sont capables d’agir beaucoup plus rapidement qu’un état ou pays.

Les villes sont nos lieux de vie et, en tant que fournisseurs de la technologie qui nous entoure, les administrations municipales se trouvent dans une position unique. Elles sont les gardiennes des données personnelles et globales des plus grandes concentrations humaines de plus de la moitié du monde, ce qui est particulièrement critique dans le contexte de la crise climatique. […]

Limiter les «solutions» à une approche axée sur la protection de la vie privée ne donnera pas beaucoup de pouvoir aux citoyens, à un moment de convergence des crises mondiales où des politiques mieux informées – alimentées par les données – pourraient être au cœur de la résolution des problèmes mondiaux les plus complexes.

Imaginez des villes ayant le contrôle sur toutes les données créées dans leurs limites, créant des ressources locales pour exploiter ces données pour le bien de leurs citoyens, puis collaborant au niveau mondial en mettant en commun leurs connaissances au profit des populations collectives.

[La vision de City Data Commons] vise à définir les données urbaines comme un bien commun, et non comme une propriété, et à créer un espace – un espace de données communes, par opposition à un «marché des données» – où les collectivités peuvent accéder et tirer profit d’ensembles de données de hautes qualités collectées avec des fonds publics. Notamment des données sur la qualité de l’eau, l’environnement, les transports publics et les systèmes énergétiques, ainsi que toutes les données collectées par des systèmes de partage de vélos, des capteurs d’eau et des services de taxi.

Les auteurs définissent trois blocs de construction (connaissance, souveraineté et innovation) et estiment qu’un tel réseau stratégique de villes combinant ces blocs pourrait «créer le plus grand commun de données fédérées au monde, à propos de la crise climatique, en temps réel.»