Responsables de la lutte contre la chaleur dans les villes : nouveaux défis, nouvelles descriptions de poste

Les vagues de chaleur font désormais la une des journaux car elles frappent durement certaines régions européennes et en Amérique du Nord depuis quelques années – bien que la hausse des températures soit une réalité pour beaucoup depuis des décennies. En effet, ce dernier mois de juillet a marqué les deux semaines les plus chaudes jamais enregistrées dans l’histoire de l’humanité. Si le changement climatique pouvait encore être vu par certains (au fond) comme quelque chose de lointain tant dans le temps que dans l’espace, il n’y a pas à s’y tromper maintenant que ses effets se font sentir à la porte de tous, ou presque (bonjour l’été-suédois-inexistant!). La chaleur extrême n’est pas seulement un véritable ennui pour nos vacances de rêve, c’est aussi le risque climatique numéro un dans de nombreux pays, et elle est particulièrement menaçante dans les villes – une étude récente a révélé qu’elle a tué 61 000 personnes en Europe l’été dernier.

La situation est chaude, pourrait-on dire, et l’urbanisation croissante du monde n’aide pas – elle implique, entre autres, une déforestation supplémentaire des terres et des « îlots de chaleur», car les bâtiments en béton et les chaussées l’attrapent. Alors qu’il est compliqué de faire baisser la température de la Terre – à moins que quelqu’un n’ait une machine du temps ? – il est possible de prévenir et d’atténuer les effets de la chaleur. Avec cette mission est apparue dans certaines villes au cours des deux dernières années la figure du responsable de la lutte contre la chaleur, la ‘chief heat officer’, ou CHO, une fonction municipale axée sur la planification de la chaleur extrême et la coordination des actions améliorant la résilience à la chaleur urbaine. Bien que la plupart des CHO soient embauchées par des villes ou d’autres formes de gouvernement local, le think-tank américain Adrienne Arsht-Rockefeller Foundation Resilience Center a aidé à établir ce nouveau rôle municipal, en mettant des outils spécifiques à disposition des villes qui luttent contre la chaleur extrême.

L’une des premières villes du monde, peu après Miami, à avoir sa propre CHO a été Athènes en 2021. L’anthropologue Eleni Myrivili, qui occupait ce poste jusqu’à récemment, a plaidé dans le documentaire audio de Shareable sur les vagues de chaleur et la pauvreté énergétique pour des logements efficients et des énergies renouvelables fortement subventionnés, ainsi que pour une infrastructure verte en «reprenant agressivement l’espace public des voitures » et en se concentrant sur les transports publics et sur l’apport de verdure – pas seulement des parcs mais des forêts allongées – et l’eau dans les villes. D’autres mesures d’adaptation et d’atténuation qu’elle a préconisées consistaient à classer les vagues de chaleur propres à Athènes en différentes catégories, à peu près comme on fait avec les tremblements de terre ou les ouragans. En travaillant avec des données historiques sur les températures et la mortalité, la ville pourrait prévoir l’impact des vagues de chaleur et alerter sur les risques associés à la population vulnérable. En effet, les effets sont pires dans les quartiers à faible revenu, avec moins d’espaces verts et plus de personnes aux prises avec des problèmes de santé préexistants, et avec peu d’autre choix que de continuer à travailler – souvent à l’extérieur – pendant les vagues de chaleur.

Cette vulnérabilité disproportionnée des pauvres au changement climatique est un élément important de l’équation, que les CHO seules ne pourront pas résoudre sans une vision systémique plus large de la justice climatique. Comme l’évoque le même documentaire, « peut-être que certains ont besoin de consommer moins d’énergie, pour que d’autres consomment suffisamment ».

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Credit : Kane Lynch, Shareable.net