Canopées d’arbres et canyons ombragés

Même si les humains construisent des villes, créant en quelque sorte leurs propres habitats, nous ne comprenons pas complètement les interactions de cet environnement construit avec la nature et le degré de confort ou d’inconfort que nous pouvons éprouver. Ajoutez à cela la bizarrerie du climat, qui apporte des extrêmes plus fréquents de chaleur, de précipitations, ainsi que des variations rapides, et vous voyez rapidement comment cette compréhension doit être beaucoup plus approfondie et les connaissances appliquées. Le Science Museum of Virginia et le SUPR Lab de l’université d’État de Portland ont fait équipe avec un réseau de collaborateurs locaux, de bénévoles et de journalistes pour mesurer l’effet d’îlot de chaleur de Richmond.

Nous avons observé une différence de 16°F entre les endroits les plus chauds et les plus frais de notre ville, au même moment et le même jour ! […]

Au total, nous avons recueilli plus de 74 000 relevés de température à travers le district. Ici aussi, nos résultats ont montré une différence de ~16°F entre les endroits les plus chauds et les plus frais de la ville au moment le plus chaud de la journée (15-16 heures).

Leur recherche a confirmé ce que nous savions déjà et a ajouté quelques détails à un phénomène moins bien compris. Il est déjà bien établi que la couverture des arbres peut contribuer à réduire considérablement l’effet d’îlot de chaleur des villes. Il suffit de se rendre dans un parc avec de nombreux arbres par une journée chaude pour avoir l’impression que l’endroit est climatisé ; la même chose se produit dans les quartiers avec beaucoup d’arbres.

L’autre chose qu’ils ont observée, c’est que la hauteur des bâtiments a également un impact important sur l’effet de chaleur.

Les noyaux urbains denses, dont la hauteur des bâtiments varie, ont des températures de l’air relativement plus basses que les zones résidentielles tentaculaires, aux rues larges mais à la hauteur unique, qui n’ont pas un grand couvert végétal. Il s’avère que cette découverte n’est pas nouvelle, mais qu’elle pourrait nous servir à faire progresser la densité en tant que contrôle physique du
microclimat.

En résumé, lorsque les bâtiments sont plus hauts que la largeur de la rue, ils forment un « canyon ombragé », réduisant ainsi la chaleur accumulée tout au long de la journée et, bien sûr, celle qui se dégage le reste de la journée.

Des études de modélisation informatique qui simulent l’augmentation de la hauteur des bâtiments à Adélaïde, en Australie, montrent qu’une fois que la hauteur des bâtiments dépasse la largeur de la rue, cela crée des canyons urbains qui ombragent les surfaces de la rue et refroidissent l’air.

Ces bâtiments n’ont pas l’effet « éponge » qu’un terrain perméable autour d’arbres et d’autres végétaux procure en cas de précipitations, mais une couverture d’arbres plus importante et des bâtiments plus hauts sur des rues plus étroites s’alignent parfaitement sur les lieux plus denses et à échelle humaine que privilégient les personnes qui ont la possibilité de choisir leur lieu de vie dans les grandes villes, ainsi que sur de nombreuses recommandations en faveur de villes plus durables et ayant un impact moindre sur le climat.